La gestion pas évidente de la biodiversité australienne : Le projet Eden
[C] La faune et la flore australienne sont tout a fait particulières, tout le monde le sait et être ici sur place vous y rend particulièrement sensible. Je revois encore Tiboz a Cairns, fraichement débarqué sur le territoire australien, qui ne comprenait pas pourquoi une personne qu’il avait connu a Londres et ici depuis 7 mois s’ébahissait sur des échassiers rares dans la région. 10 contre un qu’on serait aujourd’hui les premiers a sortir nos appareils photos et jumelles :-). Ici, la vie sauvage est partout et il est impossible d’y échapper, elle vient a vous que vous le vouliez ou non (surtout sur la route – Véro vient a l’instant de se prendre un oiseau !), et s’y intéresser ne rend pas “hippie” comme on a parfois tendance a le considérer dans nos pays Européens surpeuplés et bétonnés. Si les premiers colons y voyaient plus une menace qu’une opportunité, les australiens sont aujourd’hui conscients de ce que cette biodiversité particulière peut leur apporter tant au plan touristique qu’au point de vue du maintien de leurs ressources naturelles. Petit post inhabituel donc pour illustrer une des plus importantes problématiques locales.
On l’avait déjà mentionne je crois, mais en arrivant en Australie, les premiers colons ont voulu “modeler” le territoire a l’image de leur chère Angleterre. Ils ont donc ramené des chats domestiques, des hermines mais aussi des renards pour pouvoir chasser le dimanche et un petit malin a même apporte deux lapins, pour s’entrainer avant les renards… 100 ans après, les lapins, dont les facultés reproductrices sont largement reconnues, avaient conquis le pays et stérilisé une grande partie du pays. Pire encore, puisqu’ils empiétaient sur le terrain du bétail, les fermiers ont voulu contrer la perte de rendement en augmentant leur nombre de tête. Ce qui n’a évidemment eu pour effet que de dégrader encore plus un environnement fragile déjà bien mis a mal. Le problème des lapins, c’est qu’a part les dingos et les grands rapaces (et les crocodiles dans le nord et les diables de Tasmanie, mais bon…), il n’y a pas de grand carnivore en Australie ! Dans ces circonstances, on pourrait penser que l’introduction des renards et le retour a la vie sauvage des chats et hermines ait été bénéfique… Mais en fait, pas du tout car ceux-ci s’en sont pris aux pauvres petits marsupiaux, pas du tout adaptés a être chassés en permanence. Plusieurs dizaines de mammifères ont donc déjà disparu du territoire et l’éradication continue…
Cliquez pour l’image en grand | Un bilby (empaille), autrefois menacé et aujourd’hui prospère | Cliquez pour l’image en grand |
Dans les années 1990, la péninsule de Peron était un désastre écologique, ravagée par une agriculture débridée et les espèces ferales (retournées a l’état sauvage). En 1995, les pouvoirs publiques décident donc de lancer le plus ambitieux programme de régénération de l’écosystème, le Projet Eden. Le programme consiste, d’une part, a éradiquer les lapins grâce a la myxomatose a laquelle ils sont les seuls sensibles (mais dont l’application sur d’autres territoires n’a eu pour effet que de sélectionner une population de lapin résistante, bien joué les gars…) et éradiquer les prédateurs par des appâts fourrés au poison local auquel les espèces indigènes sont résistantes. D’autre part, il s’agissait de réintroduire petit a petit les espèces endémiques, élevées en captivité ou empruntées a d’autres régions d’Australie. Mais pour espérer réussir, il a surtout été nécessaire d’isoler la péninsule et c’est la que ca devenait vraiment compliqué, avec des chats qui grimpent aux grillages, des renards qui nagent dans la mer et des lapins qui creusent des trous ! Par chance, la péninsule possède un isthme étroit et a donc pu être isolée du reste du territoire a l’aide d’une barrière électrifiée de 3 km de long. Les résultats jusqu’a présent semblent bons pour certaines espèces réintroduites comme le Bilby mais les chats restent un gros problème pour d’autres…Quoi qu’il en soit, quelle impressionnante mise en place pour réparer nos erreurs !
C’est fou de se rendre compte a quel point les européens ont eu un impact sur ce continent-ci, isolé et préservé au cours de millions d’années d’évolution. Les chameaux qui dévorent l’outback, les cochons sauvages qui détruisent les zones humides, les chèvres ferales, les abeilles qui volent le pollen aux abeilles indigènes (sic !), les fourmis “électriques” du Queensland et les crapauds empoisonnés du sucre de cane ne sont que quelques exemples parmi d’autres de notre inconscience... Même en Nouvelle-Zélande, les colons ont réussi a ramener des possums australiens qui ont ravagé a jamais une faune d’oiseaux d’une richesse exceptionnelle en dévorant les œufs. Que sera l’Australie dans 100 ans ? Personne ne peut le dire…
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